Ecrit le 17 décembre 2011
Autre échange avec mon ami Thomas, à qui j’avais proposé de travailler sur un numéro spécial de minorités.org . Hélas, s’il a bien terminé son article, moi, après avoir mis le paquet sur Debt Fiction, je me suis retrouvé vidé. Et plutôt déprimé. Beaucoup de travail à l’école, mais un salaire qui ne bouge pas, une envie de changements de plus en plus forte, et des problèmes d’argents dus à certaines dépenses d’un côté, le voyage absolument pas prévu à Kyôto en mars suivi d’une baisse de salaire pendant un mois, l’importation d’un traitement, et ma carte de crédits sur laquelle j’ai un peu trop tiré en pensant que ça s’arrangerait.
Les vacances à Kyôto arrivent, et mon taux d’angoisse monte. Je sais que je trouverai une solution, ce n’est pas dramatique à ce point, mais l’endettement, ça coûte cher à rembourser.
Et puis l’hiver, et puis le sentiment qu’un autre tremblement de terre peut nous surprendre à tout moments, étrange mélange. Passage à vide, perte du goût d’écrire.
Mais aussi ce changement radical de mon alimentation depuis plus de sept semaines maintenant. Et ça, c’est vraiment bien. Et puis aussi, la fin de la nouvelle, le sentiment d’avoir quand même terminé quelque chose
La semaine dernière, j’ai repris mon Sigma, et cela, je peux vous le certifier, c’est que je vais beaucoup mieux. Mes Sigma, devrais-je dire, puisque j’ai ressorti le SD15 et le DP1, ce dernier s’avérant mon appareil photo préféré, depuis toujours. C’est un appareil incomparable. Je me suis amusé avec lui la semaine dernière, et c’est un vrai joujou. Le SD15, c’est différent. Il est gros, et si les 4,7 millions de pixel suffisent au DP1, cela me frustré un peu sur le SD15, mais en même temps, ce ne sont pas « que » 4,7 millions de pixels, ce sont 3 fois 4,7 millions de pixels sur une taille de 4,7 millions de pixels. Et pour avoir depuis deux mois beaucoup utilisé mon Olympus Pen, la différence est très très nette. Il y a une netteté, une précision dans le détail, une densité incroyable. Le hic est qu’il faut passer un peu plus de temps pour développer les RAW, je veux dire, même de façon rapide.
Bien. La semaine dernière, Thomas m’a relancé au sujet de ce numéro de minorités. Je vous partage ma réponse, comme je le faisais autrefois dans ce blog.
C’est brut et sans pudeur. C’est honnête, quoi. Vous en saurez plus sur moi, mais qu’importe…
« Eh oui, c’eût été chouette, entre la dinde et le champagne, de dire aux gens d’en profiter s’ils en goûtent encore… Mais pas des masses d’énergie. Je dois déménager parce que mon loyer bouffe plus de 40% de mon salaire, et que comme j’ai mis du temps à m’en apercevoir, comme beaucoup de gens, je me suis endetté. Donc, je dois déménager. J’ai plus de cours particulier qu’avant, ça c’est pas mal car j’augmente donc mon revenu (mon école me paie des clopinettes, et ça aussi, j’ai mis du temps à vraiment le piger, car les cartes de crédits, ça permet de jongler, mais on ne mesure pas le poids des intérêts, etc…), mais ce n’est pas suffisant. Je dois donc également trouver un autre taf. Et ça, ce n’est pas facile. Je ne recherche pas un taf super payé, juste un truc qui m’économiserait le temps de transport et serait plus « fair ». J’ai commencé à travailler dans cette école avec une obligation de 85 heures par mois, et la possibilité de ne pas être sur place en cas d’absence de cours. Ça a changé, je dois être maintenant là bas de 13:45 à 21:00/21:30, avec possibilité de partir une heure et demi plus tôt s’il n’y a pas de leçon. Ça me gonfle car pour moi, c’est du temps perdu à ne pas travailler, je veux dire, gagner de l’argent…
Tout cela me prend un peu le choux.
Ma nouvelle Debt/Mortgage m’a aussi pas mal démotivé. Rien, pas un seul retour. Il y a trois jours, Slate a rapporté l’enquête de Bloomberg sur le sauvetage des banques, les 7 trilliards de dollars, plus quelques autres en lignes de swaps, ça a buzzé à mort. J’en ai parlé dans Debt Story il y a un mois, rien. Avec d’autres trucs dont personne n’a tilté l’importance jusqu’à ce que des gens « autorisés » fassent un papier dessus, et là, ça buzzera à mort.
Ça me décourage d’écrire, j’ai l’impression de faire comme quand je militais au PS : j’ai mes propres problèmes, et je mets mon énergie à faire des trucs pour les autres. Moi, ça ne me rapporte rien, même pas un « merci ». Parce que ce n’est pas de la thune que je voudrais, juste que des lecteurs, au moins parmi les « amis » FB, me laissent un mot, même de désaccord.
C’est comme pour les albums photos que je fais. Certains albums sur FLICKR ont une consultation de plus de 200 personnes, une lecture qui ne tient pas compte de l’accès via mon site où certains peakent à 150 et ne sont pas comptabilisés sur FLICKR, sans compter ceux qui sont abonnés en RSS et ne consultent qu’en RSS et ne sont pas comptabilisés. Et juste deux ou trois « j’aime » sur FB, jamais un message via mon blog, un merci… (ou si, toujours les mêmes trois lecteurs/lectrices super gentils). Est ce à dire que lire, regarder est un dû ?
Mes écrits, mes photos sont en CC, j’accepte que les gens les partagent, les réutilisent, je m’en fiche, je suis contre le droit d’auteur au sens strict : si je le voulais, je pourrais protéger mes photos, mes écrits par un code que je vendrais. Je suis contre. J’ai pris, et je prends trop de plaisir à lire, regarder le travail des autres.
Mais quand on partage plus de 5000 photos, une 20taine d’articles, des nouvelles et qu’à l’arrivée, rien, pas de réel retour, j’en arrive à me poser une question de base : est-ce que je ne donne pas dans le délire de l’adolescent post-pubère qui se la pète pour des trucs mal écrits, sans réel intérêt, et des photos banales, inintéressantes au point que personne n’y réagit.
Je n’ai pas la mentalité du poète maudis, qui se pense incompris: je n’ai pas grandi dans ce milieu social. Je dois faire un effort pour écrire et croire en ce que j’écris. Je ne suis pas narcissique non plus…
Je vois des trucs sur le net, nuls, des photos de merde, et ça buzze, et il y a 300 commentaires.
Bref, je suis en panne de motivation. Même sur mon blog, ça me semble vide de sens, sans aucun intérêt. Si on me lit comme on lit Voici chez le coiffeur, si on regarde mes photographies comme on regarde le catalogue Club Med’ en pensant que « c’est joli » sans même penser à la prise de tête que c’est de ne pas avoir 50 personnes dans le champs, parce qu’au Japon, partout où on va, il y a des tas de gens, et que pour photographier, il faut attendre, choisir un angle qui cache l’immeuble hideux derrière, la voiture garée juste à côté, la bande de touristes du troisième âge qui prend des photos de groupes, tout en veillant à ce que la photo, à l’arrivée, reste quand même regardable, après avoir choisi une sensibilité basse pour qu’il n’y ait pas de bruit, sans compter le développement des RAW, la sélection, le chargement sur FLICKR etc… Heureusement que je ne me prends pas le temps à faire de la retouche, j’aurais des envies de meurtres.
Bref, je suis vidé, démotivé : je suis une personne démotivée de nature. Il me faut peu de choses pour me ressaisir, car je suis optimiste. Mais sur la durée, quand je ne vois pas où ça va, je reviens toujours à cette sensation d’inutilité. J’ai travaillé 10 ans en analyse là dessus, j’ai appris à vivre avec. Je ne me terre plus chez moi, je garde ma vie sociale, mais c’est vrai que je mets mes ambitions entre parenthèse.
Concernant cet article, c’est dommage, car c’est une idée à moi, que tu as fait ta part, et que j’ai quasiment finie la mienne.
Après, j’avais envie de proposer quelque chose à Olivier Néaud, car j’ai aimé l’univers de ses bandes dessinées. Et puis j’ai un roman en plan, dont j’ai jeté une fin maladroite, qui mérite une écriture de fond en comble, mais dont le principal est écrit, je veux dire, la chute.
Beaucoup de choses que je désire faire, mais ma motivation est comme au point mort. Je dois résoudre ce problème de fric et de travail, ou en tout cas rendre la situation supportable. J’en suis arrivé à vouloir m’endetter pour déménager. Mais un esprit bienveillant au fond de moi me dit « non »…
J’ai réduit mes dépenses, ça devrait le faire, et je devrais être plus ambitieux, mais cela, c’est forcer ma personnalité. Si je n’ai aucun retour sur ce que je fais, comment croire en ma valeur ?
Cette année a été, reste terriblement éprouvante, stressante. Il y a celles et ceux qui peuvent vivre sans se projeter dans l’avenir et faire semblant, je ne suis pas comme cela. Je sais qu’un big one arrive, et je suis conscient que Fukushima est loin d’être terminé, au contraire, le plus difficile est à venir, et jusqu’en avril, les vents viennent précisément de là…
Bref, concernant notre numéro de Minorités, ce sera plutôt pour casser l’ambiance au début de l’année prochaine, que comme une mauvaise pilule pour digérer la bûche…
Je suis en congés à partir du 23, et je pars à Kyôto le 28, c’est un break salutaire. Voir du vert, faire ma première vraie coupure depuis le 11 mars (le séjour à Kyôto n’était pas vraiment reposant), aller dans ces lieux que j’aime et où je me sens bien m’aidera à remettre le compteur à zéro, et à remettre l’indifférence des lecteurs à sa place : dans ma propre indifférence. »
Fin de citation.
L’approche des vacances, la perte de poids, et puis aussi le temps qui passe m’ont remis à peu près en place. Je retrouve ma boussole, et certainement mettre par écrit où j’en étais m’a aidé aussi à y voir plus clair.
Bref, ça va. Dans une semaine, j’aurai escaladé la petite montagne du sanctuaire de Fushimi Inari et tout sera aboli, je serai réénergisé pour un an.
De Tôkyô,
Madjid
Laisser un commentaire