Les jours se suivent et se ressemblent un peu

Mais l’automne est généralement ma saison. Je suis empli d’une énergie nouvelle, libéré de la crainte du chômage, peut être. Et puis samedi, j’ai reçu un courrier des liquidateurs de NOVA : nous allons recevoir de l’argent, une somme assez coquette qui, si je la reçois vraiment, va me permettre de liquider quelques dettes des jours noirs. Jun avait payé mon loyer, et puis je dois de l’argent à un ami dont c’est l’anniversaire aujourd’hui. J’ai toujours un peu la crainte que quelque chose aille mal à l’école, mais en fait, comme il y a deux écoles, et que si une école venait à fermer il concentrerait ses forces sur l’autre école, il aurait besoin de moi pour garder les élèves de français. Donc, je suis assez tranquille. Il a vu mon CV, et je crois qu’il a été impressionné, et qu’il suspecte les autres professeurs de mentir car leurs CV ne sont que des bouts de papier non certifié. Il fera tout pour me garder.
À ce sujet, j’ai reçu un appel la semaine dernière pour travailler pour une banque. J’ai répondu à cet appel, le travail semble intéressant, mais je suis parfaitement conscient qu’à mon âge, mes chances sont très limitées. Et que si j’atteignais le stade de l’entretien, les yeux de mes interlocuteurs seraient de toute façon dés le départ biaisés par un préjugé. Un éventuel entretien devrait être un sans faute, ce que je sais faire quand je suis un peu relax et que je m’en fiche. Seulement dans ce cas je parviens à me décontracter, à mélanger le sérieux nécessaire et l’assurance réclamée pour ce type d’exercices. Mais parviendrais-je seulement à franchir le Cap de la présentation du CV? Je ne suis pas obsédé par cela. J’y pense, et éventuellement, je me prépare. Mon ami Mulgon sourirait s’il connaissait le type de poste et agréerait sur ma capacité à y travailler rapidement et de façon satisfaisante.

Les jours se suivent et se ressemblent un peuLe week end s’est déroulé un peu comme tous les week ends. Nous sommes allés à Monzen Nakachô où il y avait une fête au sanctuaire Tomiyoka Hachimangu.
Un bon odôri, défilé, mais visiblement très local, très peu populaire, et c’était tant mieux. Nous avons eu de la chance, le temps était avec nous. Après, nous sommes allés à Ueno car j’avais besoin de thé, et au marché Ameyoko, cet espèce de grand bazar me rappelant les marché de Belleville et de la Goutte d’Or, on trouve du Twinning pour 500 yens, bref, pour moins cher qu’à Paris. J’en ai profité pour faire deux trois courses pour le soir, et nous sommes allés à Yodobashi pour acheter une coque pour nos iPhone. J’ai opté pour le rouge, qui est ma couleur de l’hiver, non pas en dominante, mais par touche, avec des gris, du noir… On quittions Ueno et alors j’ai été attiré par le couché de soleil. Alors nous avons bifurqué par le parc, et c’est vrai que le ciel était beau. Sur le lac, les feuilles des lotus, immenses, l’absence de fleurs, tout pointait l’automne, ce que soulignait le chant des grillons. À Tôkyô, quand les grillons se taisent, on sait que l’hiver approche à grands pas. Sur la page météo de Yahoo! japan, la carte des érables a refait son apparition, un peu comme une sorte de compteur de l’inexorable arrivée du froid. Elle souligne ces zone où nous irons par millions nous extasier devant le spectacle tous les ans répété des feuilles rouges des momiji (érable japonais, à petites feuilles fines) et jaunes des ichô (ginkgo). J’ai appris à céder à ce conformisme bon enfant. C’est un des rares plaisir collectif qui soit offert à l’étranger résident au Japon. Alors moi aussi, et Jun avec moi, nous irons savourer ces feuilles rouges qui nous disent en silence que le froid est de retour. On commencera à parler de Noel, du nouvel an, comme pour se rassurer par avance que rien ne viendra interrompre ce cycle et que dés janvier, oui, dés janvier, les premières pousses de prunier, les premières fleurs sous le soleil glacial, annonceront le très timide réveil de la nature. Il sera grand temps, alors, de se protéger des pollens des cyprès (attendus très forts l’an prochain) en espérant survivre jusqu’aux fleurs de cerisiers. Nous aurons eu entre temps les camélias pour nous consoler durant les longues promenades d’hiver.
Enfin, pas de précipitation, il fait encore très doux, et les premiers érables rougis ne sont encore que très au nord, ou dans les montagnes. Avec Jun, nous projetons de visiter Nikkô. Il parait que c’est le plus beau site du Kantô pour regarder les érables.
Facebook me lasse depuis un certain temps. J’ai une phobie des bocaux. J’entends par bocal non pas une boîte (la boîte est fermée), mais un récipient transparent, avec une ouverture. Et Facebook est un bocal. On a l’impression de communiquer avec le monde quand, finalement, on est dans un espace fermé. Je n’ai rien contre, et je suis très heureux d’avoir rétabli le contact avec des amis et des amies perdus de vue, d’échanger des idées, des blagues avec des gens que je ne connais pas et que je découvre. Mais je suis également très las de l’aspect superficiel de l’utilisation du média par beaucoup d’utilisateurs. Les gens ne suivent pas les commentaires. Récemment, j’ai taché d’expliquer un truc, et dans le fil, à deux reprises, on m’a réduit à deux petites phrases. Bref, depuis cet été, je ralentis, et finalement, j’ai décidé de ne plus commenter les marketeurs, ceux qui utilisent FB comme un bocal, leur propre groupe. Ce évite les longs commentaires réduits à la petite phrase assortie de la phrase qui casse. Avec FB, finalement, chacun a ses 15 minutes d’Anne Sinclair, la réduction d’une conversation à un bavardage centralisé, à un monologue avec soi. J’aime les gens qui opposent, critiquent, s’enchantent, blaguent… Sur FB, on zappe, on balaie, on ne dialogue finalement pas. C’est une expression narcissique de l’égoïsme. « Je » me regarde avoir raison et j’expose « mon » moi (pour être plus juste, une expression publique sensée représenter mon « moi »). Bref, je me fais plus rare, et le monde redevient plus vaste, le net plus vibrant. Mais pourquoi devrait on « partager » quand pour tant de gens partager ne sert qu’à conclure.
There is no fun in FB, there is no life in FB. Just boredom shared with the same « others » who number grows indefinitely in the bottle. A giant bottle without any message but « ME ».
Sur Tokyo, nous sommes desormais bien en automne, bien que nous ayons eu quelques jours encore un peu chauds. Les tensions entre la Chine et le Japon ne se dissipent pas, au contraire. L’extrême droite organise des manifestations qui passent à la télévision chinoise, entrainant en retour des manifestations en Chine. Là bas, c’est le congres du PC et les luttes intestines déteignent toujours sur la politique étrangère. Il y a quelques années Taiwan, cette fois ci le Japon. C’est inquiétant car pour la prière fois, les USA sont inexistants dans la région. Les USA, en effet, sont gouvernés par un président en campagne, essayant de limiter la casse pour les prochaines élection, dans dix jours. Un ras de marée republicain. Pire, ultra conservateur, avec en son sein des gens d’extrême droite. Comme Sharon Angle ou Rand Paul, le fils de Ran Paul. Alors, la Chine et le Japon…
Bon, la question est : est ce que je retourne à Konami. J’ai pas besoin de regime, non, mais de sport, ça devient urgent.
De Tôkyô,

Madjid


Commentaires

6 réponses à “Les jours se suivent et se ressemblent un peu”

  1. Je te rejoins sur FB :
    – Vacuité
    – Rien ne reste
    – Un commentaire chasse l'autre
    – Tes commentaires ne servent qu'a flatter l'égo de la personne qui a poster et vérifier sa célébrité
    – Sans compter son coté chronophage qui te laisse dans un état de vide proche de la déprime.
    – J'ai vu des jeunes qui passent toutes leurs soirées de vacances sur FB : au lieu de vivre le moment, ils montrent aux autres ce qu'ils font.
    – D'autres ont leur famille comme ami : on touche le fond. Ils ont besoin de se connecter pour avoir des nouvelles de leur frère. Le fond du trou : avoir sa femme / son mari / amant comme ami sur FB.

    Mais où va t'on ?

  2. Je te rejoins sur FB :
    – Vacuité
    – Rien ne reste
    – Un commentaire chasse l'autre
    – Tes commentaires ne servent qu'a flatter l'égo de la personne qui a poster et vérifier sa célébrité
    – Sans compter son coté chronophage qui te laisse dans un état de vide proche de la déprime.
    – J'ai vu des jeunes qui passent toutes leurs soirées de vacances sur FB : au lieu de vivre le moment, ils montrent aux autres ce qu'ils font.
    – D'autres ont leur famille comme ami : on touche le fond. Ils ont besoin de se connecter pour avoir des nouvelles de leur frère. Le fond du trou : avoir sa femme / son mari / amant comme ami sur FB.

    Mais où va t'on ?

  3. Depuis que j'ai mon iPad, en fait, FB est devenu tres peripherique en effet. je ne consulte plus mes mails que sur iPad, c'est a dire que mon ordinateur n'occupe plus cette place monopolisante, lire les mails, repondre a un message FB, ecrire sur FB, ecrire des mails, regarder une video Youtube… mince, ca fait une heure que je suis la dessus…
    Je lis mes mails dans le metro. Je consulte FB dans le metro. Parfois, je tombe sur un commentaire d'un ami, et plutot que repondre, je regarde le mur de cet ami, voir ce qu'il devient. Ou alors, je tombe sur un article, ou quelqu'un poste un article sur mon mur, et je le lis. Parfois, je commente, et je pense que ca doit un peu agacer, car je continue de commenter le meme commentaire, comme une conversation, pendant des jours. Ca se perd, mais quitte a commenter, autant vider les arguments, les frotter a ceux des autres. Mais j'avoue, cela est devenu rare, car j'en ai eu ras le bol d'avoir le dernier message… Ce qui m'agace le plus, ce sont les commentaires « pas du tout, bla bla bla », et puis on repond que ben non, on explique pourquoi, et l'autre ne repond pas : bref, chacun reste dans son univers et sa certitude, le schmilblic n'avance pas, alors que cela pourrait justement servir a decouvrir des trucs et se remettre un peu en cause, s'ouvrir. Je suspecte beaucoup de gens de ne lire qu'en diagonale a la recherche du mot qui fache ou qui fait tilt.
    FB est une possibilite que les gens ne saisissent pas, ne remplissant alors que le vide de leurs existences. Si ca les maintient en vie, toutefois, c'est deja ca…

  4. Depuis que j'ai mon iPad, en fait, FB est devenu tres peripherique en effet. je ne consulte plus mes mails que sur iPad, c'est a dire que mon ordinateur n'occupe plus cette place monopolisante, lire les mails, repondre a un message FB, ecrire sur FB, ecrire des mails, regarder une video Youtube… mince, ca fait une heure que je suis la dessus…
    Je lis mes mails dans le metro. Je consulte FB dans le metro. Parfois, je tombe sur un commentaire d'un ami, et plutot que repondre, je regarde le mur de cet ami, voir ce qu'il devient. Ou alors, je tombe sur un article, ou quelqu'un poste un article sur mon mur, et je le lis. Parfois, je commente, et je pense que ca doit un peu agacer, car je continue de commenter le meme commentaire, comme une conversation, pendant des jours. Ca se perd, mais quitte a commenter, autant vider les arguments, les frotter a ceux des autres. Mais j'avoue, cela est devenu rare, car j'en ai eu ras le bol d'avoir le dernier message… Ce qui m'agace le plus, ce sont les commentaires « pas du tout, bla bla bla », et puis on repond que ben non, on explique pourquoi, et l'autre ne repond pas : bref, chacun reste dans son univers et sa certitude, le schmilblic n'avance pas, alors que cela pourrait justement servir a decouvrir des trucs et se remettre un peu en cause, s'ouvrir. Je suspecte beaucoup de gens de ne lire qu'en diagonale a la recherche du mot qui fache ou qui fait tilt.
    FB est une possibilite que les gens ne saisissent pas, ne remplissant alors que le vide de leurs existences. Si ca les maintient en vie, toutefois, c'est deja ca…

  5. Remplir le vide, oui, effectivement. Je pense que c'est le cas des plus accros. Remplir le manque, la déprime. S'en remplir jusqu'à en être saoul puis s'écrouler sur son lit/canapé.

  6. Remplir le vide, oui, effectivement. Je pense que c'est le cas des plus accros. Remplir le manque, la déprime. S'en remplir jusqu'à en être saoul puis s'écrouler sur son lit/canapé.

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