Par un beau dimanche, promenade a Kamakura

Je vous ai prepare un album avec quelques photos. Grand beau temps, Jun et moi sommes partis de bonne heure pour en profiter pleinement. Grand plaisir de gouter a cet air frais et tonifiant, de revoir ces temples et ces jardins pourtant familliers mais changes par la saison. Au Japon, il y a des arbres verts toute l’annee; ici, on compose les paysages comme on compose les jardins. Ces erables rouges, ces ginko jaunes, tout porte la marque de l’homme et cette nature si pregnante n’est en fait pas la nature mais un travail minutieux accompli il y a parfois plus de 5 siecles. Les Japonais d’autrefois avaient plutot peur de la vraie nature, peuplee de fantomes, de divinites et d’esprits errants et de Tengu. Seuls des moines bouddhistes, des pretresses tombees dans la sorcellerie s’aventuraient dans les forets et les montagnes. Vous avez vu Momonoke ? Le resultat est une conservation remarquable des grandes forets dans certaines regions. Mais partout ou l’homme affirmait sa presence en nombre, il tendait a grignoter le paysage et a le recomposer selon sa volonte, faisant de la nature non plus un objet de crainte mais de contemplation. Ainsi, les forets limitrophes des villes, comme Kyoto, ou des temples comme a Kamakura, offrent au gre des saisons des couleurs differentes et des plaisirs renouveles. Le paysage n’est jamais domine par le gris comme en France. Ici, le vert domine toujours, mais en hivers c’est un vert eteint, un peu sombre et bien peu lumineux en comparaison du vert qui explose litteralement en ete et vous brule les yeux avec autant de force que le soleil.
Les jardiniers japonais sont de veritables maitres dans l’art d’utiliser les differentes essences, les differentes especes de fleurs. Et ce reel genie va jusqu’a cet amour pour les lickens, les mousses, et j’ose encore revenir dessus, cette acceptation de la rouille et de la ruine comme une variante du vegetal et du mineral. Ce en quoi je les admire veritablement car il y a quelque chose de juste la dedans. Une vielle bicyclette rouillee, esquintee, gagnee par les ronces offre en definitive bien plus de plaisir visuel que nos pots de fleurs briques et lustree dans lesquelles nos plantes vertes semblent etouffer. Ici, la nature foisonne, deborde d’energie, et la vieille bicyclette s’habille de la nostalgie que notre imagination se charge de lui donner. Une vielle chanson d’Yves Montant, il y a bien longtemps…


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