Putain comme ça passe vite, alors…

Putain comme ça passe vite, alors...Dimanche dernier, promenade dans l’ouest, a l’affut des erables magnifiques… Cliquer pour agrandir et voir en couleur.

Métro. Ne pensez pas que je ne fais rien… Tout d’abord, vous livrer une nouvelle, comme ça, en direct, ça n’est pas rien ! Et j’ai édité la dernière partie samedi dernier. Nous ne sommes que mercredi… Ils ont du être déçus, celles et ceux qui cherchaient quelque chose sur le Japon, et j’en suis bien désolé, mais je ne peux plus parler du Japon, je veux dire, en faire comme une spécialité. Vous imaginez, un type qui parlerait tout le temps de la France, juste parce qu’il habiterait en France ? Et les Français y font comme ci, et le Français y font comme ça, et le nouveau jambon Herta il est meilleurs que l’ancien, et le nouveau parfum des bonbons La Pie qui chante, eh ben, il est meilleurs et l’emballage, il est vraiment trop, et la semaine prochaine, c’est le 1er décembre et les Français… ah, oui, ben non, les Français ben, non, tiens, un blog sur la France, je ne sais pas s’il parlerait de ça, sauf si ça faisait la une, bref, hein… Non, moi, j’ai résolument mon ras-le-bol de blog en prenant la décision de ne plus parler du Japon, point barre. Je me contente de parler de ma vie, mon quotidien et il se trouve que, bingo !, ça se passe au Japon ! Et il m’arrive d’en avoir, des choses à dire, sur ce qui m’entoure. Mais m’extasier comme certains sur le nouveau parfum d’une glace, allez, tiens, azuki, ou du Kinder, allez « texture mochi au matcha », ben non, je laisse ça à d’autres, avec les lolitas, les mecs qu’ont un look trop avec leurs cheveux comme-ci et leur ceinture comme ça…C’est bon, ça déborde sur le net, et je laisse le soin à des Comme ça du japon et autres, avec leurs Pop-ups, leurs pubs, même qu’on ne sait plus trop bien où est le site, au « actualités du Japon », le soin de décortiquer toutes ces « spécificités locales » et de trouver sur le net les « pépites » en extase devant les petites des filles payées 700 yen de l’heure pour distribuer des prospectus en tenue « maid » malgré le froid et la pluie dans le quartier de Akihabara. Des puceaux, je vous dis, et de la pire espèce : 30 ans, hétéros, fan d’Ayumi et de PSP… Je t’en ficherais, moi, des « perles ». Remarquez, ils ne se privent pas d’en lâcher !

La Pagode de Takahata Fudo, dans l’ouest. Cliquer pour agrandir et voir en couleur.

Enfin! Il y en a de très bon, et je suis injuste. Mais tous ont en commun de ne pas en être, des sites « sur le Japon ». Prenez l’un d’eux, « de peu pour faire un monde » (lien sur le côté). Le titre, ben non, on ne dirait pas. Je vous invite à y jeter un coup d’œil. Une écriture modeste, des photos « mine de rien », tout comme j’aime. En fait, c’est très proche du blog de Mulgon Melta (quand il veut bien écrire, he he he…). Vous pouvez ne pas y aller pendant une semaine, un mois, le blog a continué sa route, et vous pourrez, pour le coup, en trouver, de ces posts qui racontent son auteur, sa vie, les trajets en train, les factures, le travail, les lectures, les paysages. Les meilleurs blogs sont ceux qui racontent leurs auteurs. Enfin, je dis ça… Bref, dans celui-là, en filigrane se dessine un portrait au quotidien. Par moments, je vais visiter la « rivière aux canards », celui-là très célèbre, et puis c’est Kyôto. Mais c’est moins personnel…
Si j’étais ministre de l’éducation, j’instituerais deux heures de blog à l’école. On en est loin quand un certain nombre d’enseignants et de politique parlent de contrôler ce qu’écrivent les mineurs… Pourtant, il faudra bien réaliser qu’un jour que si Beauvoir avait eu 12 ans aujourd’hui, elle aurait certainement tenu son journal sur un blog…
Bon, tout ça pour vous dire que samedi soir, Jun et moi sommes allés à Bunkamura où il y a une exposition Lautrec. Qu’est-ce que j’aime cette époque… C’est incroyable comment le peuple s’est imposé dans la culture au tournant du siècle, croisement d’idéal républicain, de Commune de Paris et de socialisme conquérant. J’aime beaucoup Lautrec, cet univers montmartrois, juste avant que cela ne « revienne » dans mon ancien quartier, sur les boulevards. Le monde de Lautrec était celui de La Goulue, de Bruant, d’Yvette Guilbert. Le monde d’avant l’affaire Dreyfus. L’époque suivante, alors que les arts appliqués allaient connaître un profond bouleversement, ce serait le tour du Pétomane, de la (merveilleuse) Loï Fuller, de Fragson et de Mistinguett. Déjà. Je me souviens l’émotion qui m’avait saisie à la lecture des Thibault, de Roger Martin du Gard, les travaux dans l’appartement familial repris par Antoine, la lumière, cette invitée du 20e siècle après la longue et terne parenthèse de la seconde moitié du 19e…
École, j’attends mon prochain étudiant. Dimanche, nous sommes restés à la maison car il faisait froid, nuageux, et que la météo avait prévu de la pluie dans l’après-midi. On a regardé Ma vraie vie à Rouen, que je n’avais pas vu. C’est très sympa, intelligent. Le professeur de géographie m’a rappelé pas mal de professeurs, en tout cas il est plutôt sexy, dans ce genre. Les images du défilé du 1er mai 2002 a suscité une certaine émotion, mais je me suis étonné qu’il en reste si peu. C’est bien loin finalement.
Lundi, nous nous sommes levés assez tôt, c’était férié. Nous sommes allés très loin dans l’Ouest, par où c’est presque la campagne. Nous avons refait la même promenade que l’an dernier, à deux jours prêts, admirant les érables rouges ainsi que le temple 高幡不動, Takahata Fudô.

Au plus fort de la crise, en janvier, j’ai dessine des vetements pour une collection fictive automne hivers 2009 / 2010. Une restructuration, un dessin clair et net, en noir et blanc. Epaule sans aucune reference aux annees 40, du vrai pur 80. Mais aussi un clin d’oeil a Bar… et a Monsieur Dior, en forme d’au revoir.

Métro, à nouveau. On m’a demandé la semaine dernière d’écrire un truc sur le Japon, ou, pour être plus exact, on m’a proposé, si je le souhaitais, d’écrire quelque chose, un peu ce que je voulais. J’ai mis l’idée dans un coin de ma tête, cherchant une sorte de « bon bout », c’est que ce n’est pas facile…J’ai écrit trente glorieuses en y consacrant mon temps d’écriture, fallait que le truc soit écrit à ce moment là. Celui qui m’a proposé d’écrire sur le sujet m’a recontacté : j’ai écrit un très long article, dont la longueur m’étonne encore. Ça va être trop long, mais je vais livrer quand même tel que je l’ai écrit. J’ai des –énormes- corrections à faire, et, pour tout dire, je vais encore y ajouter pas mal de choses…Mais j’ai rapidement relu tout à l’heure, avant de passer à ce post, et ça me semble la bonne base de travail. On sent juste au début que je ne maîtrisais pas encore le fil, c’est très mauvais, lourd, avec beaucoup de répétitions, mais c’est très aisément corrigible. Je suis très content d’écrire autant en ce moment. J’ai traversé ma plus longue période sans écrire. Et j’en reviens avec une boulimie incroyable. Les mots ne me quittent plus. Aucune rage, comme cela m’arriva quand j’écrivis Un soir à Paris. Non, plutôt des mots, des histoires dans ma tête, et à la bonne place, n’attendant plus que je les laisse se dérouler. Quand j’ai repensé à cette histoire de « si j’étais né en 1945 » que je racontais à Nicolas, ce n’étais en fait que trois lignes, finalement. Mais en me mettant devant l’ordinateur, la fin s’est imposée avec beaucoup d’évidence et l’histoire est venue d’elle même. J’en ai une autre, de nouvelle, qui me trotte depuis deux ans. Celle-là vous étonnera car j’y confesserai une part de moi-même avec laquelle j’ai décidé d’arrêter de jouer. Ce n’est pas écrire, que j’aime, c’est raconter, et c’est la chose que je pense réussir le mieux, c’est en tout cas ce qu’on me répète depuis que je suis petit. Je viens donc de rompre avec l’écriture, qui est un truc qui me fait monumentalement chier, mais je suis bien décidé à écrire, puisque c’est un des rares moyens mis à ma disposition pour raconter des histoires. J’aime bien, car les possibilités sont infinies, et puis parce que c’est gratuit. Et cela me procure un réel plaisir.
Le moulin à parole, les doigts qui écrivent, tant d’outils au service de la machine à penser dedans ma tête. C’était ma mère qui disait ça, « le moulin à parole », « une vrai pipelette ». Une voisine, madame Hazard, tiens, en voilà un nom, avait décrété que je serais représentant de commerce ou politicien. À 14 ans, je me serais bien vu couturier, mais bon…Plus que les vêtements qu’il a créés, chez Dior, ce que j’aime, c’est le poète, il avait une façon de raconter sa vision de sa mode. Dior, c’est l’anti-Chanel, c’était un magicien de la forme et des mots. Pas étonnant qu’il se soit si rapidement entouré des artistes de son temps pour créer les vêtements pour les fêtes de légende que 30 ans plus tard Fabrice Emaert recréerait avec le Palace. La Chanel, la Régine de la haute-couture. Je suis méchant avec Régine cependant, car elle a perdu sa famille dans les camps où les amis de « Coco » les ont envoyés. Je donnerais beaucoup pour avoir sous la main un gros livre sur Dior qui me fascinait étant enfant. Chaque saison s’ouvrait par la présentation de la collection, en quelques mots, par Christian Dior. « Cette année, les femmes seront des fleurs » (la THE première collection, avec ses « corolles », si je ne me trompe pas, la collection de légende avec le tailleurs Bar, un truc parfait, insurpassable, Dior, tout dans la ligne, le dessin, et toutes ces pinces, rembourrages et autres astuces pour faire que, finalement, ce ne soit pas si difficile à porter), avec l’ourlet révolutionnaire à 30 cm du sol qui faisait hurler les féministes, et puis, la saison suivante, qui remet une couche, « les femmes veulent des robes longues » et de célébrer la Belle époque, avec les tournures, la ligne « cocotte » et un ourlet à 25 cm… Il décrètera ainsi, sans se soucier de savoir si ça plaisait ou pas, la nécessité pour les femmes d’être géométriques, mode en H, en A ou trapèze, avant de décider, comme ça, que « les femmes en ont assez de ressembler à des lettres et veulent du naturel ».. . Un génie, je vous dis… Et qu’importe que ce soit misogyne, car en la matière, les hommes ont bien peu de chance, pour ne pas ainsi avoir été rêvés si fort par les couturiers (ça me fait penser, le styliste de la maison de la collabo, Karl Lagerfeld, assassine Poiret d’une pique assassine, dans son court-métrage consacrée à la vieille peau de la rue Cambon, pour la promotion de la collection Paris-Moscou. Venant de Lagerfeld, c’est peut être un compliment… Poiret, derrière les allures orientales de sa mode 1911/1913, comme le raconte le génie du costume et du dessin de mode Romain de Tirtoff, dit Erté, est celui qui a libéré les femmes du corset et de tous les rembourrages, rendant possible dès 1914 la simplification du vêtement et la guerre de l’ourlet aboutissant à ce style que l’on prête à tort à la vieille réac qui a planté sa maison de couture en 39, trop heureuse que la guerre lui donne un prétexte pour se débarrasser de ces couturières qui avaient fait grève pendant deux mois en 36 !).
Anyway ! J’aimerais bien retrouver ces présentations, je me souviens que son âge baroque est vers 1953/54, quand chaque collection « contredit la précédente », les femmes en ont assez de… Dior n’était pas un couturier, c’était un poète très habile de ses doigts. Chanel n’était pas une couturière, c’était une femme d’affaire qui savait coudre.
Ce soir, je vais essayer de créer ma radio, je suis très en retard de ce côté là. Je n’aime pas, en effet, allumer mon ordinateur sous windows. Peut-être devrais-je installer un truc qui me permettra de faire tourner Windows quand Mac est ouvert… Et puis surtout, je dois reconvertir ma musique, c’est vraiment pas marrant… J’ai plus de 120 Go de musique, preque tout en AAC à 320, histoire que ce ne soit pas trop sale, je dois encoder en mp3 à 128… Quel travail…
Mon après-midi s’est bien passé. Le travail ne me plaît guère, c’est loin, mais mes élèves sont gentils. Le mardi après-midi, il y a Reiko, une dame agée, de droite, et qui me fait toujours de petits cadeaux. Deux grosses poires 梨/ nashi 4 gros 柿/ kaki, du raisin ぶどう/ budô, etc, tout cela du département de Yamanashi/山梨県. Puis il y a Satsuko, qui aime le cinéma. Miwa, qui est cuisinière dans un restaurant, puis Sora, qui est dermatologue… Le mercredi, j’ai mes « kids », trois gamins de 8 ans qui sont la preuve vivante que les Japonais peuvent parler des langues étrangères, sans avoir recours à des remèdes de crétins, style Rosetta Stone, le dernier truc à la mode, « adapté au cerveau des japonais », un logiciel où les Japonais peuvent « écouter » la voix de vrais étrangers de leur terroir d’étrangers. Ah, « écouter ». Mais étudier, je veux dire, travailler, il n’y a plus personne. Il y a ensuite ma deuxième Sora, une lycéenne, pas motivée du tout, mais bon, papa et maman ont décidé qu’elle étudiera le français… Pour finir, j’ai mon salariman, un mec bien préservé pour ses 40 ans, gentil. Et avant, j’ai ma « bonjour, je m’appelle Rieko, je suis célibataire », les cheveux agités en signe de rébellion. Elle a plus de 40 ans et a l’air d’avoir déjà bien profité de la vie. Elle est marrante…
Allez, je suis desormais chez moi, a mon clavier sans accents. Il est bien tard.
Madjid

Petit cadeau, la Loie Fuller, Danse Serpentine, film Lumiere peint a la main, 1896. Je vous en ai choisi un sans musique car un autre, avec musique, ne collait pas vraiment. Je suis un vrai fan de Loie Fuller.


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